Seabiosis soutient les initiatives d’aquaculture pour produire les algues qui composent ses produits. Mais pourquoi un tel choix ? Pourquoi encourager la culture des algues (algoculture) en parallèle à la cueillette durable d’algues sauvages ?

Description de la méthode de culture

Tout d’abord, on ne peut parler d’algoculture sans expliquer le principe. Au Québec, nous utilisons un système de filières pour faire pousser les algues. Ces filières sont installées dans le milieu naturel, dans des sites de culture enregistrés au MAPAQ. Il y a moins d’une dizaine de ces sites de culture au Québec actuellement.

algoculture

Les algues sont cultivées sur des filières qui mesurent 145 m de long. Pour effectuer la culture, les aquaculteurs achètent des plantules (jeunes pousses d’algues) de laminaire sucrée (Saccharina latissima, Kombu royal) dans une écloserie (ex. Fermes Marines du Québec à Newport) et vont les placer sur les filières en mer à l’automne de chaque année. Les filières sont alors immergées jusqu’à 7 m de profondeur pour éviter d’être endommagées par les glaces pendant l’hiver. Les algues vont pousser au ralenti pendant l’hiver, étant dans une eau froide et loin de la lumière, élément indispensable à leur croissance. Mais au printemps, dès que le bateau d’aquaculture peut être mit à l’eau, les filières sont remontées à environ 2-4 m pour leur permettre d’augmenter leur croissance. Le plus gros de leur croissance va ainsi se faire entre avril et juin, donnant des algues pouvant atteindre plus d’1 m de long. Au moins de juin, toutes les algues doivent être ramassées pour éviter l’apparition d’espèces nuisibles de la famille des Bryozoaires.

Algoculture

Plantules à la mise à l’eau

Algues adultes à la récolte

Il faut donc environ 8 mois de croissance pour obtenir des algues québécoises de qualité alimentaire. Cela est relativement court comparé à d’autre espèces d’aquaculture, notamment les fruits de mer comme les moules ou les huîtres qui peuvent nécessiter jusqu’à 3 années de croissance avant d’atteindre une taille commerciale.

L’algoculture dans le monde

Bien sûr, en matière d’algoculture, le Québec n’a rien inventé. L’algoculture a principalement été développée en Asie, dans les années 50, par la mise au point de techniques d’ensemencement de supports par les spores donnant les plantules, d’abord au Japon puis en Chine. Les techniques ont ensuite continuellement évoluées dans différents pays asiatiques (Corée du Sud, Japon, Chine) permettant ainsi d’améliorer les performances de l’aquaculture d’algues. Ainsi, l’algoculture a été développée afin de pouvoir répondre à la demande mondiale grandissante qui ne pouvait plus être atteinte uniquement par la cueillette d’algues sauvage. L’algoculture permet de répondre à la demande notamment des pays asiatiques, grands consommateurs d’algues, mais aussi grands exportateurs (cf. autre article : https://seabiosis.com/les-algues-en-tant-qualiment/).

La production mondiale de macro-algues s’élève à près de 25 millions de tonnes en 2013 (FAO, 2014) : 96 % de ce tonnage provient de la culture d’algues dans les pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est, et le reste provient d’Amérique du Sud, d’Afrique, d’Europe puis d’Océanie. De plus, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, les algues représentent 51 % des produits de l’aquaculture mondiale en milieu marin, devant les mollusques (37 %) et les poissons (9 %).

Différentes algues peuvent être cultivées à travers le monde, et ce, suivant différentes techniques (milieu ouvert ou fermé, sporulation contrôlée ou non, culture sur filière, sur radeau, au sol, etc.). Par exemple, les algues rouges de type Porphyra (algues noris) et les algues brunes de type laminaires (comme la laminaire sucrée) occupent une place importante dans l’algoculture faite par le Japon, la Corée du Sud et la Chine. Les opérations de culture et de conditionnement de plusieurs millions de tonnes d’algues fraiches occupent des dizaines de milliers de professionnels dans ces pays grands producteurs.

Dans les pays occidentaux, la culture et la cueillette des algues est plutôt anecdotique. Par exemple, la production d’algues en Europe en 2013 était seulement de 320 000 t. Or, la quasi-totalité du tonnage européen est produit à partir de la cueillette d’algues sauvages (près de 87 %) et provient majoritairement de la Norvège, de la France et du Danemark. En France, la production d’algues issue de l’aquaculture est d’à peine 350 t d’algues produites par quelques fermes situées en Bretagne. Cependant, cette production est amenée à considérablement augmenter grâce au lancement de plusieurs entreprises dans l’algoculture. Il en est de même en Amérique du Nord où, bien qu’encore peu développée, l’algoculture et la transformation des algues devraient croître rapidement avec l’augmentation de la demande mondiale en algues.

Ainsi, au Québec (en Gaspésie, sur la Côte Nord, aux Îles-de-la-Madeleine), il y a quelques entreprises comme Seabiosis à s’être lancées récemment dans le défi de faire de la culture en mer d’algues pour le secteur de l’alimentaire mais aussi, dans le futur, pour d’autres secteurs porteurs (cosmétiques, pharmaceutique, fertilisants, etc.).

L’algoculture, une culture écoresponsable

Faire de l’aquaculture, c’est un peu comme entretenir une plantation d’arbres. En effet, les algues sont des plantes marines, donc comme toutes plantes, elles font de la photosynthèse, c’est-à-dire qu’elles utilisent la lumière du soleil pour capturer de l’eau et du CO2 de leur milieu et les transformer en énergie pour leur croissance et leur survie tout en rejetant de l’O2 et des glucides (principalement du glucose). Le glucose est alors utilisé comme nutriment par la plante.

Ainsi les algues aident à la capture du CO2 et à la production mondiale de l’O2. Cela est d’autant plus marqué car les macro-algues comme les laminaires ont une croissance relativement rapide, donc une capacité à capter le carbone assez importante comparée à une plante terrestre à croissance plus lente.

algoculture

Il semblerait que les algues soient une bonne avenue pour la capture et le stockage à long terme du CO2 et ainsi aider à contrer le réchauffement climatique. Ainsi, les macro-algues peuvent contribuer aux stocks de « carbone bleu », le carbone qui est naturellement capturé et séquestré par les plantes dans les habitats côtiers et marins. Ces stocks de carbone bleu seraient même reconnus pour être plus efficaces que le stockage par les systèmes végétaux terrestres pour une séquestration à long-terme ! Ainsi, les macro-algues sont particulièrement intéressantes car elles produisent beaucoup de biomasse et peuvent se transporter facilement, ce qui en fait des «donateurs» potentiels pour les stocks de carbone bleu.

En outre, il est estimé que l’ensemble des végétaux aquatiques de la planète produit entre 70 et 80 % de l’oxygène de l’atmosphère. Ce qui représenterait environ 330 milliards de tonnes d’oxygène par année ! Donc sans les plantes aquatiques, dont les macro-algues, la vie sur Terre ne serait pas possible, ce qui fait des algues un élément indispensable à la vie telle qu’on la connait.

Les algues créent aussi des habitats pour de nombreuses espèces marines comme des mollusques, des crustacés et des poissons. Elles leurs prodiguent de la nourriture et un abri contre les prédateurs. Ainsi, les forêts d’algues jouent un rôle primordial dans la conservation de la biodiversité, représentant un service écologique depuis longtemps reconnus.

Voilà les différentes raisons qui font que Seabiosis a choisi d’encourager, quand cela est possible, les aquaculteurs d’algues locaux dans cette production encore toute jeune au Québec. Maintenant, les consommateurs peuvent encourager le secteur des algues au Québec en faisant le choix écoresponsable de manger des produits issus des algues naturellement cultivées ou cueillies en Gaspésie !

Sources :